L'agriculteur provençal est un hebdomadaire d'informations agricoles.
Il fait partie du groupe Réussir et adhère au Syndicat national de la presse agricole et rurale.
Pour soutenir le développement de l’agriculture dans la région, quelles seront les premières décisions que vous prendrez ?
La transmission des exploitations agricoles : un constat d’urgence
En France, seuls 50 % des agriculteurs et agricultrices partant à la retraite transmettent leur exploitation, le reste part à l’agrandissement sans créer plus d’emplois. D’ici à 2026, 45 % vont cesser leur activité !
L’enjeu de la transmission agricole est donc crucial : c’est une urgence économique et sociale, pour créer de l’activité, de l’emploi et dynamiser les territoires ruraux, mais aussi une urgence environnementale et sociétale, pour répondre aux aspirations croissantes vers une alimentation de proximité et des modes de productions durables.
La région doit donc , en partenariat avec les départements et les collectivités locales, adopter une action politique forte en faveur de la transmission des exploitations agricoles et l’installation de nouveaux paysans, descendants d’agriculteurs ou non.
Trois piliers pour l’action:
- Miser sur l’accompagnement dans la durée du binôme cédant·e-repreneur·se et pour cela, mettre en place un inventaire des deux.
- Créer des dispositifs complets facilitant la transmission du foncier agricole, des matériels et bâtiment, y compris d’habitation si possible
- Faire de la région avec les départements des acteurs centraux des politiques d’installation-transmission.
Le loup n'est pas menacé de disparition, le pastoralisme, oui !
Nous organiserons un grand débat public autour de la question de la prédation lupine avec tous les acteurs concernés, ce qui n'a jamais été fait en France.
Comment la Région peut-elle participer à la souveraineté alimentaire à l’échelle du territoire ?
Selon l’ADEME, 22% de la production agricole et 33% de la transformation agroalimentaire consommés dans notre région sont issus de la région. Ces faibles niveaux d’autonomie alimentaire résultent d’une production insuffisante et/ou du fait que la production régionale est exportée en très large partie vers le reste de la France ou l’étranger.
La reterritorialisation des systèmes alimentaires consiste donc d’abord à redonner à l’agriculture une vocation nourricière de proximité, mais implique plus largement de développer des chaînes de valeur permettant de relier les ressources agricoles locales à l’assiette des habitants, en intégrant toutes les activités intermédiaires.
Nos propositions en matière d'autonomie alimentaire:
- développer l’offre régionale en circuits courts, que ce soit pour les ménages ou pour la restauration commerciale ou collective, relancer l'Observatoire Régional des Circuits Courts qui a été abandonné en 2015 par la mandature Muselier pour remettre en réseau tous les acteurs institutionnels et professionnels concernés et passer à 20% d'approvisionnement de la population de la Région en circuits courts d'ici la fin du mandat en 2026.
- remettre en valeur le « régime méditerranéen » et les productions qui y contribuent (protéagineux végétaux, fruits et légumes, céréales, huiles végétales, petits ruminants, volaille..) pour une alimentation de meilleure qualité, notamment par les appels d’offre publics de la restauration collective.
Eau et changement climatique : comment la Région peut-elle accompagner les agriculteurs dans ce défi ?
D’abord le changement climatique est déjà en cours, et l’agriculture actuelle en est à la fois responsable et victime. Le gel d’avril 2021 est normal et n’aurait pas eu d’incidence si les deux mois précédents n’avaient été très chauds. Ces situations vont se multiplier, comme les inondations et les tempêtes. Il est peu probable que les quantités d’eau de pluie soient en baisse, mais par contre, la diminution de la neige et la fonte des glaciers ne permettront plus à la montagne de jouer son rôle de régulateur, tandis que les sécheresses d’été comme les pics de chaleur défavorables à de nombreuses cultures vont s’accentuer. Il va falloir accentuer l’effort de recherche et d’adaptation variétale de nombreuses productions, et la région peut soutenir cet effort, comme elle le fait déjà, mais insuffisamment. Il va falloir aussi mieux organiser le stockage et la répartition nécessaires de l’eau, par un renforcement du service public en charge, et non par une privatisation du bien commun qu’est l’eau. Là aussi, la Région, en charge de l’économie et de l’aménagement du territoire joue un rôle central dans les aménagements nécessaires, surtout si elle devient enfin réelle gestionnaire des crédits européens correspondants. Enfin, si les aléas croissants des productions agricoles justifient des assurances qui ne sont pas du ressort régional, la relocalisation des productions et des consommations doit permettre aux agriculteurs provençaux de mieux échapper aux aléas de cours mondiaux très fluctuants. Par contre, la Région devra aussi travailler avec les organisations agricoles pour aider à développer une agriculture beaucoup moins consommatrice d’énergie directement ou non (matériels, engrais, produits de traitement) et moins émettrice de GES.